Art et Sport : rencontre avec Asma Assoumane, joueuse de rugby au Stade France
Dans cet article, je vous raconte ma rencontre art et sport avec Asma Assoumane joueuse de rugby dans l'équipe féminine du Stade Français Paris.
Asma a une vingtaine d'année. Elle est resplendissante et crève l'écran de mon téléphone. Notre échange est solaire malgré le temps couvert : plein de joie, d'optimisme et de simplicité.
Là où tout a commencé
Avant d'entrer au Stade Français Paris, Asma Assoumane jouait à l'AC Bobigny 93. Elle commence le rugby au collège grâce à un programme sportif qui lui a été proposé.
C'est « là où tout a commencé » qu'Asma nous a proposé de la rejoindre pour créer une œuvre qui a du sens.
Jean-Marc Payet (photographe) et moi nous sommes rendus à la Gare de Sevran Beaudottes le vendredi 17 février 2023. A la sortie se tenaient des vendeurs de maïs grillé. Asma nous a guidés jusqu'à son ancien collège. En passant, elle nous a raconté l'histoire des deux tours de son enfance. Il n'en reste rien que ses bons souvenirs du quartier, du collège et de ses profs d'EPS à qui elle témoigne une grande reconnaissance. Dans un immeuble plus loin, il reste aussi ses cousins, qu'elle ira rejoindre après le shooting.
SPORTIVES X ART CONTEMPORAIN #2
Si mon métier était de faire des films je raconterai l'histoire d'Asma. Mais mon art se joue avec la peinture, la photo et les mots. Bienvenus dans ce numéro 2 de Sportives x Art Contemporain.
Dans l'article numéro 1 je racontais ma rencontre art et sport avec Coralie Brot, fleurettiste du Collectif France.
Cette série s'inscrit dans la continuité de mon travail sur l'art mural collaboratif, un protocole que j'ai inventé il y a quelques années.
Ces rencontres art et sport ont été rendues possibles grâce à ma rencontre avec Quentin Parisot, le fondateur du collectif Audace.
Mon ambition est de faire se rencontrer des milieux qui se connaissent mal. De faire rentrer les sportives (et leur public) dans les galeries. De mettre en lumière des femmes « en mouvement ».
Non dans une célébration du sport mais dans une réflexion sociale plus large sur la place de la femme, le regard intériorisé des hommes sur les femmes, la compétence des éducateurs, la rémunération des métiers, l'exploitation des sportives par elles-mêmes et par le système, etc. Tant de questions passionnantes que je soulève, sans y apporter de réponses mais en invitant des personnes qualifiées à s'exprimer sur ces sujets complexes (en dessinant leurs conférences par exemple).
Un lieu d'une grande richesse graphique
Porte, grilles, fenêtres, poteaux, filet : l'endroit que nous avons choisi est une première pour ce projet. Nous avons contourné l'établissement qui n'offrait pas de prise au mur pour entrer dans le stade attenant. C'est là, tout autant que dans l'établissement scolaire, que l'adolescence d'Asma s'est déroulée.
La superposition d'informations graphiques m'a beaucoup intéressée. La couleur des portes et fenêtres du collège à l'arrière plan, le bleu pétant de la porte, l'avant-scène de terre battue, le chemin bétonné. Je n'aurai jamais deux shooting identiques. C'est là tout l'intérêt de mon projet. C'est là que ma passion se concentre.
Mon histoire en couleurs
Dans cette petite vidéo, malicieusement non-montée, Asma vous raconte son histoire en sept couleurs :
- les tours d'Aulnay-sous-Bois
- l'équipe de rugby des Comores
- les couleurs de l'Île-de-France (Asma est une ambassadrice enthousiaste de la région !)
- l'océan indien (rempli de dauphins)
- le soleil, le soleil, le soleil
- son moi d'aujourd'hui au Stade français Paris.
La couleur noire : oubli ou évidence ?
A l'oral Asma me dit qu'elle ajoute un rectangle noir car c'est la couleur de sa peau. Cette explication disparaît de sa présentation vidéo. Oubli ou évidence ? Je ne sais pas comment Asma Assoumane vit le fait d'être noire et les conséquences que sa couleur peuvent avoir sur son quotidien et dans son activité professionnelle.
Je me saisis de cette omission comme prétexte pour dérouler une réflexion personnelle qui m'occupe. Si je suis plus à l'aise pour parler de ce qui va bien, j'ai tendance à omettre ce qui ne me convient pas. Cela se ressent dans mon travail qui est globalement très positif. Je n'ai pas encore trouvé le cadre pour parler de ce qui ne va pas. Où plutôt, je l'ai trouvé mais je ne le partage pas.
L'écriture est l'endroit où je parle de ce qui ne va pas, de ce que je trouve dur, injuste, douloureux. Je garde ces mots pour moi, comme une forme de politesse, de faiblesse, un manque de vulnérabilité ou une sur-adaptation. Avant la peinture je viens de l'écriture. C'est pour cela que ma rencontre avec Aya Cissoko était un moment important. Ancienne boxeuse, écrivaine, Aya sait dire ce qui ne va pas.
La porte commence à s'ouvrir
Sur cette photo de Jean-Marc Payet, j'ai demandé à Asma de ne pas sourire. La porte s'ouvre pour dire aussi le vide, l'absurdité de notre système, son injustice et sa dureté. J'ai en tête un texte découvert récemment qui, pour moi, change tout. Il s'agit de la chronique « Le Flow » écrite par Isaline Sager Weider, joueuse de volley-ball publiée par Les Sportives.
Lire : Pendant trois mois j'ai frôlé la dépression
Je vais m'inspirer d'Aya et d'Isaline pour dire « la couleur noire » de mes émotions.
Ambassadrice ou égérie
Asma ouvre la porte, Asma attrape un ballon imaginaire, Asma saute en l'air. Notre shooting regorge de photos pleines de sens, de joie et de mouvements.
Asma Assoumane pourrait sans problème devenir l'ambassadrice de la région Ile-de-France ou l'égérie d'une marque. Je le lui souhaite car cela lui permettrait de financer sereinement sa carrière. Comme toujours j'aborde sans tabou la question de la rémunération avec mes invitées. La sienne me parait inversement proportionnelle à son sourire, à son sens de l'effort et de la transmission.
Exposition, livre et documentaire « Sportives x Art Contemporain 2024 »
Mes deux premiers essais de « Sportives x Art Contemporain » me semble pertinents.
J'aimerai utiliser ce protocole pour créer une exposition en 2024 avec un lieu de culture sur les Sportives en route pour les jeux olympiques.
Lorsque les jeux seront passés, j'aimerai poursuivre ce travail.
La finalité plastique est triple :
- tirages d’une sélection de photos de Jean-Marc Payet,
- livre d'artiste mêlant photographies, textes et dessins inspirés par l'œuvre des sportives (et ouverts par des textes de spécialistes : sociologue du sport, dirigeante de club, etc).
- reportage de 26 minutes réalisé par Hugues Blondet.
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Crédit photo : Jean-Marc Payet
Pentamonde : une oeuvre unique pour les collectionneurs
Mon oeuvre est accessible aux entreprises et particuliers sous deux formes :
- vente à des collectionneurs qui composeront eux-mêmes l'œuvre sur leur mur, en présence de l'artiste (prix sur demande),
- location sous forme d'exposition de l'installation.
Faisons vibrer ensemble les couleurs du monde.